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Napoléon & Empire

Anne-Louise-Germaine de Staël (1766-1817)

Baronne de Staël-Holstein

Blason de Anne-Louise-Germaine de Staël

Fille unique de Jacques Necker ‒ habile banquier genevois devenu médiocre ministre de Louis XVI ‒ auquel elle voue toute sa vie une admiration sans bornes, Germaine de Stael naît à Paris le 22 avril 1766. La grande idée qu'elle se fait de son intelligence, l'éducation qu'elle a reçue et le milieu dans lequel elle a été élevé ‒ Georges-Louis Leclerc de Buffon, Jean le Rond D'Alembert, Jean-François Marmontel, Edward Gibbon, l'abbé Raynal ou Jean-François de La Harpe sont des familiers de sa maison ‒ la poussent très tôt vers les Lettres. Dès 1788, deux ans après son mariage avec le baron Erik Magnus de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède à Paris, elle publie ses Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau.

Comme les La Fayette, Benjamin Constant, Talleyrand, Condorcet et autres représentants des idées nouvelles qui peuplent son propre salon, Madame de Staël se montre d'abord favorable à la Révolution, rêvant d'y jouer un rôle politique. Mais son idéal, la Monarchie constitutionnelle, la rend bientôt suspecte et elle doit, courant 1793, s'exiler en Angleterre.

Rentrée à Paris après Thermidor, elle publie d'abord des Réflexions sur le procès de la Reine, plaidoyer en faveur de Marie-Antoinette. Son essai Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la république en France ne trouve pas d'éditeur. Elle a davantage de succès avec De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations et De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, imprimés en 1796 et 1800 puis avec son roman Delphine (1802). Cette période la voit aussi se séparer de son mari (1796) puis le perdre (1802).

Madame de Stael fait la connaissance de Napoléon Bonaparte par l'intermédiaire de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, lors d'une réception le 3 janvier 1798 à l'hôtel de Galliffet  Hôtel de Galliffet. Elle s'imagine qu'elle peut en devenir l'égérie et faire de lui un libéral à sa convenance. Mais Napoléon Bonaparte n'apprécie guère cette femme laide et prétentieuse, qui veut de surcroît lui donner des leçons. Leur mésentente tourne vite à la haine. Le salon de Germaine de Stael devient alors, sous le Consulat, le repaire des opposants au régime, regroupés sous le terme d'idéologues, dont elle n'hésite pas à réchauffer l'ardeur. C'est ainsi qu'elle pousse Benjamin Constant, membre de sa coterie et du Tribunat, à prononcer devant cette assemblée le discours où il annonce la naissance d'une nouvelle tyrannie. La sanction de cette agitation tombe pour Madame de Stael en octobre 1803 : c'est l'interdiction pour elle d'approcher Paris à moins de quarante lieues. Elle se réfugie alors au château de Coppet  Château de Coppet, en Suisse, propriété de son père.

Germaine de Stael se console de cet « exil » dans ses travaux littéraires et les bras de Benjamin Constant puis d'Albert de Rocca, jeune officier suisse de vingt ans son cadet avec lequel elle échange une promesse de mariage en 1811 (tenue en 1816). Elle reçoit également de nombreuses visites de ses amis et admirateurs et voyage à travers l'Europe. De ces années datent son roman Corinne (1807) et surtout un essai, De l'Allemagne, imprimé en 1810, saisi par ordre de l'Empereur ‒ le livre sera finalement publié en France peu après la première abdication de Napoléon Ier, et aura une influence considérable, tout au long du XIXème siècle, sur la perception par les Français de leurs voisins d'outre-Rhin. Ce dernier ouvrage porte à son comble la colère de l'Empereur à l'égard de Madame de Staël. Il lui interdit dès lors toute publication et l'assigne à résidence dans sa propriété de Coppet.

Elle s'en échappe pourtant bientôt, sans que l'on cherche à l'en empêcher, et part cette fois pour un véritable exil qui la voit séjourner successivement en Russie, en Suède et en Angleterre. Partout, elle travaille à coaliser l'Europe contre Napoléon 1er.

Elle ne rentre en France qu'au printemps 1814, après la chute de l'Empire. Après avoir d'abord jugé bon de s'éloigner au début des Cent-Jours, elle tente à nouveau de jouer un rôle politique quand l'Empereur sollicite indirectement son soutien. Pour cela, elle pousse Benjamin Constant dans les bras de Napoléon Ier, offrant à celui-ci la caution libérale qu'il souhaitait.

Elle meurt deux ans plus tard, le 14 juillet 1817, après plusieurs mois d'une agonie consécutive à une attaque (5 janvier 1817).

"Anne-Louise-Germaine de Staël" par Elisabeth-Louise Vigée Le Brun (Paris 1755 - Paris 1842).

"Anne-Louise-Germaine de Staël" par Elisabeth-Louise Vigée Le Brun (Paris 1755 - Paris 1842).

En 1818, ses enfants feront publier ses Considérations sur les principaux événements de la Révolution française auxquelles Stendhal jugera nécessaire de répondre par sa Vie de Napoléon.

Se souvenant peut-être de la réponse de Bonaparte à sa question : ‒ Général, quelle est pour vous la première des femmes ? ‒ Celle qui fait le plus d'enfants, Madame, elle donna le jour à trois fils et deux filles, probablement de quatre pères différents.

Madame de Staël a un jour traité Napoléon de Robespierre à cheval. Ce trait montre combien elle avait peu compris l'un comme l'autre.

Philatélie : Les Postes de la République Française ont émis en 1960 un timbre de 0,30 F  Timbre-poste à l'effigie de Germaine de Staël à l'effigie de Germaine de Staël.

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Anne-Louise-Germaine de Staël
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"Anne-Louise-Germaine de Staël" par François Pascal Simon Gérard (Rome 1770 - Paris 1837).
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"Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein dite Madame de Staël" par Marie Eleonore Godefroid (Paris 1778 - Paris 1849) d'après François Pascal Simon Gérard.
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"Madame de Staël" par Wladimir Lukitsch Borowikowski (Myrhorod, Ukraine 1757 - Saint-Petersbourg 1825).