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Napoléon & Empire

Michel Ney (1769-1815)

Michel Ney, Duc d'Elchingen, Prince de la Moskowa

Blason de Michel Ney (1769-1815)

Né le 10 janvier 1769 à Sarrelouis d'un père tonnelier qui nourrit pour son fils de plus hautes ambitions, Michel Ney, après avoir tâté sans succès du collège et de diverses places, finit par s'engager dans un régiment de hussard en garnison à Metz (1787).

Il est sous-officier à l'orée de la Révolution, lieutenant à l'armée du Rhin en 1792, capitaine deux ans plus tard, général de brigade enfin en août 1796 après la prise de Forscheim. Celle de Mannheim fait de lui un divisionnaire en mars 1799.

Il reçoit alors le commandement provisoire de l'armée du Rhin et parvient à retenir sur les bords de ce fleuve les forces de l'archiduc Charles. Privés de ce renfort, les Russes d'Alexandre Vassilievitch Souvorov sont écrasés à Zurich par André Masséna (septembre 1799).

De retour à Paris, Michel Ney reçoit du Premier Consul Napoléon Bonaparte, qu'il ne connaît pas encore, un accueil si bienveillant que ses préventions contre le coup d'État sont balayées. Son mariage avec une amie de collège d'Hortense de Beauharnais, Aglaé Auguié, renforce encore ses liens avec les Bonaparte.

Il sert ensuite sous Jean Victor Marie Moreau, et prend part à la victoire de Hohenlinden (décembre 1800) qui met fin à la deuxième coalition.

Sa carrière se poursuit par une importante mission à la fois diplomatique et militaire en Suisse. Il s'y charge d'imposer l'acte de médiation de 1803 qui évite au pays de sombrer dans la guerre civile.

S'étant publiquement prononcé pour l'Empire dès mars 1804, il est fait maréchal par Napoléon 1er le 19 mai suivant, dans la première promotion.

La campagne de 1805 commence pour lui par un coup d'éclat : la bataille d'Elchingen (14 octobre 1805), qui entraîne la reddition d'Ulm et joue donc un rôle décisif dans les succès suivants, qui culmineront à Austerlitz (2 décembre).

Durant les campagnes de Prusse et de Pologne, en 1806-1807, il est à Iéna (14 octobre 1806), prend Erfurt (15 octobre), se montre décisif à Eylau (8 février 1807), arrête 70 000 Russes avec 14 000 hommes à Guttstadt (1er mars) et joue un rôle de premier plan à Friedland (14 juin).

Le 6 juin 1808, tous ces exploits valent à Michel Ney le titre de duc d'Elchingen.

Deux mois plus tard, il part pour la péninsule ibérique. Il s'y montre sous un jour beaucoup moins glorieux. Son caractère irascible et jaloux l'amène à se quereller avec son chef d'état-major, le général Antoine de Jomini, avec ses pairs, Bon-Adrien Jannot de Moncey et Jean-de-Dieu Soult, avec son chef à l'armée du Portugal, enfin, André Masséna, dont il accepte difficilement l'autorité. Les succès locaux, mal exploités, alternent avec les échecs graves, jusqu'au jour où le duc de Rivoli doit lui retirer son commandement.

Ses qualités trouvent à nouveau à s'exprimer lors de la campagne de Russie. Sans lui, pas de victoire à la bataille de la Moskowa ! Mais c'est au cours de la retraite qu'il donne toute sa mesure. Placé au commandement de l'arrière-garde, il encaisse avec une opiniâtreté et un courage héroïques tous les coups que portent les Russes. C'est à lui et aux quelques milliers d'hommes dont il dispose que les débris de la Grande-Armée doivent d'échapper à un anéantissement total.

Napoléon Ier reconnaît ses mérites en le créant prince de la Moskowa le 25 mars 1813.

Il se bat encore à Lützen (2 mai 1813), Bautzen (21 mai) mais est battu à Dennewitz (6 septembre) et blessé à Leipzig (16-19 octobre).

En 1814, après avoir été de tous les combats, il finit par faire défection et se montre l'un des premiers et des plus déterminés partisans de l'abdication.

Sincèrement rallié à Louis XVIII, il se montre froissé de la froideur que lui témoigne la cour, au point de se retirer dans ses terres, n'en sortant qu'à la nouvelle du retour de l'Empereur et pour se précipiter chez le roi à qui il promet de ramener l'usurpateur dans une cage de fer.

Mais les mesures qu'il prend pour mener à bien sa mission se heurtent à la force des choses, puissamment défavorable au régime en place. Michel Ney, désemparé, finit, sur les conseils du général Louis Auguste Victor de Ghaisne de Bourmont, le futur traître de Waterloo, par embrasser la cause de l'Empereur et une entrevue en tête à tête avec celui-ci scelle leur réconciliation ‒ publiquement du moins, car certains témoignages font état d'un ton qui serait fortement monté entre les deux hommes à cette occasion.

Napoléon Ier, en tout état de cause, ne fait appel à ses services que tardivement, à partir du 11 juin 1815. Le maréchal se montre alors peu inspiré, accumulant les fautes dans les jours qui précèdent Waterloo et durant la bataille. Quand la défaite devient inéluctable, il se met à rechercher avec ostentation une mort qui le fuit. Puis, pris dans la débandade, n'ayant pas réussi à retrouver l'Empereur, il rentre à Paris et se résout à quitter la France pour assurer sa sécurité.

Joseph Fouché lui procure un passeport, Louis-Nicolas Davout, ministre de la guerre, un congé officiel. Pourtant, après la capitulation et bien qu'il ait affirmé à plusieurs reprises savoir quel sort l'attendait en cas de restauration, il ne s'en sert pas. Peut-être se croit-il couvert par un article de la convention signée par les belligérants qui stipule que : Seront respectés... tous les individus qui se trouvent dans la capitale où ils continueront à jouir de leurs droits et libertés sans pouvoir être inquiétés ni recherchés en rien relativement aux fonctions qu'ils occupent ou auraient occupées, à leur conduite ou à leurs opinions politiques.

Le 24 juillet, une ordonnance du roi établit la liste des traîtres. Le maréchal Ney y figure en tête.

Arrêté, conduit à Paris où il arrive le jour de l'exécution de Charles-Angélique-François Huchet de La Bédoyère, il est traduit devant un conseil de guerre. Le composent Bon-Adrien Jannot de Moncey, président mais qui refuse par lettre d'en faire partie et est remplacé par Jean-Baptiste Jourdan, André Masséna, Adolphe Edouard Mortier et Charles Pierre François Augereau, soit quatre maréchaux, plus trois généraux : Nicolas-Joseph Maison, Michel Marie Claparède et Eugène-Casimir Villatte.

Michel Ney, nommé pair de France par Louis XVIII en 1814, réclame, comme c'est son droit, d'être jugé par la chambre des pairs, si bien que le conseil de guerre se déclare incompétent. Le maréchal, ses avocats et ses amis, qui craignaient de vieilles rancunes, s'en réjouissent.

Le procès a lieu du 21 novembre au 6 décembre, en cinq séances. Malgré la convention signée par le maréchal Davout avec les Alliés le 3 juillet, qui spécifie qu'aucune poursuite ne pourra être exercée contre les officiers et soldats pour leur conduite pendant les Cent-Jours, le maréchal Ney est condamné à la peine capitale suivant les formes militaires, par 139 voix sur 161 votants. Les maréchaux Kellermann, Marmont, Pérignon, Sérurier et Victor ont voté pour la mort.

Le jugement est rendu à minuit en l'absence de l'accusé. Ney est réveillé à 3 heures du matin et informé de la sentence. Après une dernière visite à son mari, la maréchale tente d'ultimes démarches pour obtenir sa grâce mais elle échoue, auprès de Louis XVIII et de Wellington comme de la duchesse d'Angoulême. L'exécution a lieu à neuf heures du matin, au carrefour de l'Observatoire.

"Le maréchal Ney" par François Pascal Simon Gérard (Rome 1770 - Paris 1837).

"Le maréchal Ney" par François Pascal Simon Gérard (Rome 1770 - Paris 1837).

Le maréchal Ney manifesta jusqu'à son dernier instant le courage et le sang-froid qui avaient fait son succès à la guerre : lorsqu'on lui eut lu sa sentence de mort, il se rendormit en attendant la visite de sa femme ; au prêtre qui montait avec lui en voiture pour l'accompagner sur le lieu de l'exécution, il céda le pas en déclarant : Montez le premier, monsieur le curé, j'arriverai encore avant tous là-haut ! ; devant le peloton, il refusa qu'on lui bande les yeux. Ignorez-vous, dit-il à l'officier qui le lui proposait, que, depuis vingt-cinq ans, j'ai l'habitude de regarder en face les boulets et les balles ?

Franc-maçonnerie : Le maréchal Ney, qui avait été initié en 1801 à la loge "Saint Jean de Jérusalem" de Nancy comme Nicolas-Charles Oudinot deux ans auparavant, fut membre de la loge militaire "La Candeur", du 6ème Corps de la Grande-Armée.

Le nom de Ney est inscrit sur la 13e colonne (pilier Est) de l'arc de triomphe de l'Étoile  Arc de triomphe de l'Etoile à Paris, tandis qu'une statue en pied du prince de la Moskowa, signée Pierre Eugène Emile Hébert fils, honore sa mémoire sur la façade Nord du Louvre, rue de Rivoli  Statue du maréchal Ney, rue de Rivoli à Paris. Une autre statue, en bronze celle-là  Statue du maréchal Ney, par F. Rude, réalisée par François Rude, a été érigée près du lieu de son exécution, Avenue de l'Observatoire.

Sa tombe  Tombe de Michel Ney se trouve à Paris, au cimetière du Père Lachaise (d'abord dans la division 42, puis depuis 1903 dans la division 29).

Carrière militaire détaillée

établie par M. Eric Le Maître (voir son site web), mise en ligne avec son aimable autorisation.

Blessures au combat

Par un coup de feu à l'épaule gauche à Mayence, le 22 décembre 1794.

Blessé par deux fois devant Mannheim, en novembre 1800.

Blessé au cou devant Smolensk, le 17 août 1812.

Par un coup de feu à la jambe droite à Lützen, le 2 mai 1813.

Contusionné à l'épaule par un boulet à Leipzig, le 18 octobre 1813.


Captivité

Fait prisonnier à Giessen (Pays-Bas), le 21 avril 1797, et est échangé le 27 mai.

Premier engagement

A 19 ans, comme cavalier au régiment colonel général des hussards.

Évolution de carrière

Brigadier fourrier, le 1 janvier 1791.

Maréchal des logis, le 1er février 1792.

Maréchal des logis chef, le 1er avril 1792. Adjudant sous-officier, le 14 juin 1792.

Sous-lieutenant, le 29 octobre 1792.

Lieutenant, le 5 novembre 1792.

Capitaine, le 12 avril 1794.

Adjudant général chef d'escadron provisoire, le 31 juillet 1794 et confirmé le 9 septembre 1794.

Adjudant général chef de brigade, le 15 octobre 1794.

Général de brigade, le 1er août 1796.

Général de division, le 28 mars 1799.

Maréchal de l'Empire, le 19 mai 1804.


États de service

Cavalier au régiment Colonel Général des hussards, le 12 février 1787.

A l'armée du Nord, entre l'été 1792 et 1794.

Aide de camp provisoire du général Lamarche, commandant l'armée des Ardennes, le 14 octobre 1792.

Reçoit son brevet d'aide de camp signé par Dumouriez, le 3 février 1793.

Chef d'un parti de 500 cavaliers sous Kléber, en mai 1794.

A l'armée de Sambre-et-Meuse, le 28 juin 1794.

A la division Colaud, le 8 août 1796.

A la division Grenier, le 31 août 1796.

Commandant le corps des hussards de Sambre-et-Meuse, en 1797.

Commandant la réserve des hussards à l'armée de Mayence, le 14 décembre 1797.

A l'armée d'Angleterre, le 14 mars 1798.

A l'armée de Mayence, division Grenier, le 21 août 1798 puis à la division Lefebvre, le 9 février 1799.

A l'armée du Bas-Rhin, sous Bernadotte, le 20 février 1799.

Commandant la cavalerie légère aux armées d'Helvétie et du Danube, le 4 mai 1799.

Commandant la division d'avant-garde sous Oudinot, le 23 mai 1799.

Commandant la 6e division de l'armée du Danube et d'Helvétie, le 18 juillet 1799 puis commandant la 5e division, le 16 août 1799.

A l'armée du Rhin, le 19 août 1799.

Commandant l'avant-garde, le 25 octobre 1799.

Commandant la 1ère division du corps du centre, le 15 mars 1800.

Commandant de l'armée française en Suisse, le 28 septembre 1802.

Ministre plénipotentiaire en Suisse, le 17 octobre 1802.

Commandant en chef le camp de Compiègne, le 29 août 1803 puis celui de Montreuil, le 28 décembre 1803.

A la Grande Armée, campagne de 1805 : Commandant le 6e corps, le 23 août 1805.

Sert en Prusse, en 1806.

A l'armée d'Espagne, le 2 août 1808.

Commandant le 6e corps de l'armée d'Espagne, le 7 septembre 1808.

Commandant en Galicie, le 6 janvier 1809.

Renvoyé en France, le 4 octobre 1809.

Reprend son commandement, le 8 novembre 1809.

Suspendu par Masséna pour insubordination, le 23 mars 1810.

Commandant en chef le camp de Boulogne à la place de Vandamme, du 31 août 1811 au 1er février 1812.

Commandant du corps d'observation des Côtes de l'Océan, le 10 janvier 1812, qui devient 3e corps de la Grande Armée, le 1er avril 1812.

Dirige l'arrière-garde pendant la retraite de Russie depuis Wiazma, le 3 novembre 1812.

Commandant le 1er corps d'observation du Rhin, le 17 février 1813, qui devient le 3e corps de la Grande Armée, le 12 mars 1813.

Commandant l'armée envoyée contre Berlin, le 25 août 1813.

Commandant les 4e et 7e corps, le 3e corps de cavalerie et du corps de Dombrowski, le 17 septembre 1813.

Commandant la 1ère division de voltigeurs de la jeune garde, le 6 janvier 1814.

Fait partie des maréchaux qui poussent Napoléon Ier à l'abdication.

Rallié aux Bourbons, membre du conseil de la guerre, le 8 mai 1814.

Commandant en chef les cuirassiers, les dragons, chasseurs et chevau-légers lanciers de France, le 20 mai 1814.

Gouverneur de la 6e division militaire à Besançon, le 21 mai 1814.

Pair de France, le 4 juin 1814.

Est chargé par le roi d'arrêter Napoléon au retour de l'île d'Elbe, le 5 mars 1815.

Se rallie à l'Empereur, le 12 mars 1815.

Inspecteur des frontières du Nord, de Lille à Landau, fin mars 1815.

Pair de France, le 2 juin 1815.

A l'armée de Belgique, commandant les 1er et 2e corps, le 15 juin 1815.

Cesse toute fonction, le 23 juin 1815.

Est capturé et condamné à mort par la Cour des Pairs, le 6 décembre 1815.

Fusillé le 7 décembre 1815.

Remerciements

La photo de la statue en pied du prince de la Moskowa, rue de Rivoli à Paris, nous a été grâcieusement fournie par M. Cyril Maillet.

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"Le maréchal Ney". Gravure du XIXème siècle.
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"Le maréchal Ney commandant l'arrière-garde durant la retraite de Russie" par Jean-Charles Langlois (1789-1870).
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"Le maréchal Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moskowa" par Charles Meynier (Paris 1768 - Paris 1832).