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Napoléon & Empire

Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821)

Chevalier

Prononciation:

Blason de Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821)

Charles-Louis Cadet de Gassicourt naît le 23 janvier 1769 à Paris. Selon l'état-civil, son père est un pharmacien célèbre, collaborateur d'Antoine Laurent de Lavoisier et membre de la haute société. Mais le bruit court, attesté par les mémoires du général baron Paul Thiébault, que Charles-Louis est en fait un fils bâtard de Louis XV. La suite de sa carrière semblera cependant démentir cette rumeur : il deviendra un pharmacien réputé et un républicain convaincu.

La pharmacie n'est pourtant pas la vocation première de Charles-Louis Cadet de Gassicourt. Résistant aux désirs paternels, il se destine d'abord à une carrière littéraire, vraisemblablement sous l'influence des Condorcet, Buffon, Franklin ou d'Alembert, tous familiers du salon familial. Il poursuit cependant des études de droit qui font de lui un avocat dès 1787.

Doué d'un certain talent oratoire, riche par les grâces conjointes d'une pension servie par son père et de son mariage (janvier 1789) ‒ mais les deux époux, aussi volages l'un que l'autre, divorcent presqu'aussitôt que la Révolution leur en donne le droit ‒ il plaide peu mais à bon escient et avec succès, se mettant souvent au service de pauvres gens, qu'il défend dans un esprit tout voltairien.

Il accueille donc la Révolution avec enthousiasme avant de manquer être englouti, comme tant d'autres, par son cours tumultueux. Membre de la garde nationale et de la Société de bienfaisance judiciaire (ancêtre de l'assistance judiciaire), il sauve son oncle des massacres de septembre 1792. Les années suivantes, il témoigne en faveur d'un ci-devant noble, puis condamne les excès du Tribunal révolutionnaire et s'oppose vigoureusement à la Convention en 1794, alors qu'il préside la section du Mont-Blanc (les sections sont des divisions territoriales et administratives de la ville de Paris créées par la Révolution et qui disparaissent dès 1795). Condamné à mort par contumace, exécuté en effigie sur la place de Grève, il doit s'enfuir dans le Berry.

Tout au long de ces années, il mène également une carrière de polygraphe à succès, commettant diverses pièces à l'humour facile et bon enfant qui plaisent au public : Le souper de Molière (1795), Proverbe ultra-bête.

Cette période de son existence prend fin en 1799, après son retour du Berry et la révision de son procès. Il entreprend alors ses études de pharmacie, afin de ne pas perdre ses parts dans l'entreprise de son père, qui vient de décéder. Il est reçu pharmacien le 26 prairial an VIII (1800).

Son officine prospérant, il peut à nouveau donner libre cours à ses penchants philanthropiques. En 1802, le préfet Dubois crée, à son instigation, le comité de salubrité publique et Charles-Louis Cadet de Gassicourt en devient le secrétaire rapporteur, office qu'il conserve jusqu'à sa mort. A ce titre, il visite les prisons, contrôle la salubrité des logements et de la nourriture des détenus, s'intéresse au rapport entre taux de décès et profession exercée, ce qui fait de lui un précurseur de la médecine du travail. En 1803, il participe à la fondation de la Société des pharmaciens de la Seine et publie un Dictionnaire de Chimie.

En 1804, il fait paraître un Formulaire magistral qui ne connaîtra pas moins de sept éditions et s'occupe de la première exposition des produits de l'industrie. Il est également nommé « pharmacien ordinaire de l'Empereur » ce qui lui vaut de disposer d'un logement aux Tuileries comme dans les autres résidences impériales et d'accompagner Napoléon Ier durant ses campagnes.

Poursuivant son oeuvre littéraire dans un registre plus élevé que durant sa jeunesse, il compose de nombreux ouvrages sur les sciences, mais se permet aussi quelques écrits brocardant François-René de Chateaubriand ou Madame de Staël.

Le 15 juillet 1810, il est fait chevalier de l'Empire. En 1814, c'est à lui que s'adresse Napoléon pour obtenir la dose de poison qu'il absorbera le 12 avril dans un moment de désespoir. Mais c'est lui aussi qui réussit à sauver l'Empereur de l'empoisonnement.

Docteur ès sciences depuis 1812, Cadet de Gassicourt couronne sa carrière en présidant la Société de pharmacie en 1818 avant d'entrer à l'Académie de Médecine.

Sous la Restauration, il est fait chevalier de la Légion d'honneur par Louis XVIII, ce qui ne l'empêche pas de se prononcer fermement contre le roi et le droit divin. Il meurt à Paris le 21 novembre 1821.

"Charles-Louis Cadet de Gassicourt", par Pierre-Paul Prud'hon (Cluny 1758 - Paris 1823).

"Charles-Louis Cadet de Gassicourt", par Pierre-Paul Prud'hon (Cluny 1758 - Paris 1823).

Sa sépulture se trouve à Paris, au cimetière du Père Lachaise, 39ème division  Tombe de Charles-Louis Cadet de Gassicourt.

Autres portraits

Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821)
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"Le chevalier Charles-Louis Cadet de Gassicourt", par Isidore Pean Dupavillon, dit Pineau du Pavillon (Nantes 1790 - ? 1856).